Les débuts d’une longue histoire
Bien avant Dom Pérignon, les vignes étaient déjà cultivées au nord-est de la Gaule en 80 ans av. J.C, dans une région qui ne prendra que bien plus tard le nom de Champagne. Interdite par l’empereur romain Domitien vers l’an 90, la vigne fut replantée en Champagne vers 212 et devint rapidement pour gaulois et romains le "nectar des dieux". Dès le début du Moyen-Age la vigne est une affaire de religieux, le vin est consacré et utilisé pour la messe. Le soir de Noël de l’an 496, l’évêque de Reims Rémi baptisa Clovis et lui fit présent d’un fût de vin de Champagne consacré. A cette époque, ce vin blanc, gris ou rouge n’était pas encore pétillant mais sa réputation grandit en France et en Europe au cours des siècles avec le sacre de tous les rois de France à Reims de 898 à 1825. Ainsi, après avoir été un vin de baptême, le vin de Champagne devient également le vin du sacre des rois, le vin des fêtes et des réceptions, mais aussi le cadeau que l’on fait aux monarques (François 1er, Marie Stuart) et personnalités venant dans la région.
Du tonneau de bois à la bouteille de verre
Livré en tonneaux jusqu’au début du XVIIe siècle, le vin de Champagne avait une tendance à "bouillonner" au printemps qui suivait les vendanges, ce qui rendait délicat son transport et sa conservation. Ce phénomène naturel est dû aux levures présentes sur la peau du raisin. Lors des vendanges parfois tardives elles n’ont pas eu le temps de transformer tout le sucre du jus de raisin en alcool avant l’arrivée du froid de l’hiver. Avec la chaleur du printemps, les levures se "réveillent" et la fermentation reprend et produit du gaz carbonique qui ne pouvant s’échapper du tonneau rend le vin pétillant. Au début du XVIIe siècle, une invention anglaise changea le destin des vins de Champagne : la bouteille épaisse en verre. On commença ainsi à mettre le vin de Champagne en bouteilles fermées par un bouchon de liège, mais beaucoup éclataient. Dom Pérignon (1638-1715) ne fut pas l’inventeur du Champagne, mais c’est lui qui le premier comprit et maitrisa l’assemblage des raisins de différents cépage, l’adjonction de sucre, la fermentation, le procédé pour dissoudre le gaz carbonique dans le vin et le bouchage des bouteilles avec des bouchons de liège. Ce n’est que dans les années 1695 à 1700 que la qualité des bouteilles résistant à 5 atmosphères fut suffisante et donna un nouvel élan au rayonnement des vins de Champagne dans le monde.
Le vin des fêtes et des célébrations
Régent du royaume de France entre 1715 et 1723, Philippe II d’Orléans fit du vin de Champagne la boisson incontournable de ses célèbres "petits soupers". Lors de la fête de la Fédération sur le Champ de Mars, le 14 juillet 1790, seul le Champagne était servi aux révolutionnaires. De septembre 1814 à juin 1815, durant toute la durée du Congrès de Vienne, qui réorganisa l’Europe après la chute de Napoléon 1er, le Champagne était omniprésent à toutes les fêtes et tous les soupers. Fort de ses succès et de sa réputation grandissante, en 1818 commença réellement l’industrialisation du Champagne avec l’invention par Antoine Muller (chef de cave de Mme veuve Clicquot-Ponsardin) des pupitres pour redresser progressivement les bouteilles et les faire tourner sur elles-mêmes. Devenu un symbole d’excellence, le vin de Champagne fut un invité de marque aux expositions universelles à Bruxelles en 1889 et à Paris en 1900, puis sur la carte des grands restaurants et des mariages princiers pour arriver aujourd’hui sur la table de monsieur Toutlemonde à chaque occasion.
Le champagne aujourd’hui
Aujourd’hui, le champagne c’est plus de 4 600 vignerons, 43 coopératives et 349 maisons dont les plus connues sont : Veuve Clicquot-Ponsardin, Ruinart, Moët et Chandon, Bollinger, Roederer, Krug, Charles Heidsieck, Mumm, Ponsardin, Pol Roger, Pommery, Taittinger, Paillard, Laurent Perrier, Piper-Heidsieck, Dom Pérignon, Perrier-Jouët ...Le champagne, c’est aussi 33 580 hectares de vignobles et 268 millions de bouteilles produites chaque année pour un chiffre d’affaires de près de 4,4 milliards d’euros. C’est enfin une réserve de 1 444 millions de bouteilles.
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